Vitrectomie : quand faut-il vraiment retirer le vitré de l’œil ?
La vitrectomie est une chirurgie de l’œil qui peut changer une vie… ou la compliquer.
Très efficace, mais invasive, elle consiste à retirer le vitré, la substance gélatineuse qui remplit l’intérieur de l’œil. Elle est parfois la seule solution pour restaurer la vision. Mais elle comporte aussi des risques et n’est pas à prendre à la légère.
À quoi sert-elle ? Dans quels cas est-elle indiquée ? Et surtout : faut-il vraiment faire une vitrectomie pour traiter les corps flottants ?

Qu’est-ce que la vitrectomie ?
La vitrectomie est une intervention chirurgicale intraoculaire qui consiste à enlever tout ou partie du corps vitré, ce gel transparent qui occupe environ 80 % du globe oculaire.
Ce vitré est normalement clair. Mais il peut devenir trouble, s’effondrer, ou contenir des impuretés (comme les corps flottants, du sang ou des débris). Dans certains cas, il gêne gravement la vision ou empêche d’accéder à la rétine.
La vitrectomie permet alors de nettoyer l’intérieur de l’œil, voire de réparer certaines lésions rétiniennes.
Comment se déroule l’opération ?
Elle se fait en bloc opératoire, sous anesthésie locale ou générale, et dure en général 30 à 90 minutes.
Le chirurgien introduit de minuscules instruments à travers la sclère (le blanc de l’œil) :
• Une sonde lumineuse pour éclairer l’intérieur de l’œil
• Une canule d’irrigation pour maintenir la pression
• Une sonde de vitrectomie qui aspire et coupe le vitré
• Parfois, un laser ou des instruments pour traiter la rétine
Le vitré est alors retiré, et remplacé par une solution physiologique, parfois par du gaz ou de l’huile de silicone selon le geste effectué. L’œil est ensuite recouvert d’un pansement, et le patient rentre généralement le jour même ou le lendemain.

Pourquoi faire une vitrectomie ? Les vraies indications
La vitrectomie est une chirurgie majeure mais salvatrice dans de nombreux cas. Elle est indiquée en priorité pour :
• Décollement de rétine
• Hémorragie intra-vitréenne
• Trou maculaire
• Membrane épirétinienne
• Infection intraoculaire (endophtalmie)
• Corps étrangers dans l’œil
• Certaines complications de la chirurgie de la cataracte
Dans ces cas, la vision est gravement menacée. La vitrectomie est alors urgente et indispensable.
Et pour les corps flottants ?
C’est là que les choses se compliquent.
Les corps flottants (myodésopsies) sont extrêmement fréquents et souvent bénins. Chez certaines personnes, ils deviennent invalidants, obsessionnels, altérant fortement la qualité de vie. La vitrectomie est alors parfois proposée en dernier recours car elle permet de les éliminer totalement dans la majorité des cas. Mais c’est une chirurgie à haut risque pour un trouble non vital.
Quels sont les risques de la vitrectomie ?
Même si elle est très bien maîtrisée par les chirurgiens rétiniens, la vitrectomie reste invasive et peut entraîner des complications parfois irréversibles :
• Cataracte précoce : dans 80 à 100 % des cas chez les patients phakes, dans les 2 ans
• Décollement de rétine : 1 à 4 % selon les séries
• Infection intraoculaire (endophtalmie) : rare mais grave
• Hémorragie ou pression intraoculaire anormale
• Vision fluctuante ou floue selon la qualité du remplacement du vitré
C’est pourquoi la vitrectomie pour corps flottants n’est envisagée que dans des cas bien ciblés, après échec des autres approches et quand la gêne est sévère et durable.
Qui peut pratiquer une vitrectomie ?
Seuls les ophtalmologistes chirurgiens rétiniens formés à la chirurgie du segment postérieur peuvent pratiquer une vitrectomie. L’intervention se fait dans des centres équipés d’un bloc opératoire spécialisé, avec un suivi post-opératoire rigoureux. Un bilan complet est toujours réalisé avant : fond d’œil, OCT, échographie, mesure de l’acuité visuelle, et entretien avec le patient pour évaluer la gêne réelle.
Des alternatives ? Oui, dans certains cas
Lorsque les corps flottants sont jugés trop légers pour une chirurgie, mais tout de même gênants, plusieurs alternatives sont possibles :
- La vitreolyse YAG : une option… mais pas pour tout le monde
La vitreolyse YAG est une technique laser qui permet de fragmenter certains corps flottants dans le vitré. Elle est non invasive, réalisée en consultation, sans anesthésie générale, et peut dans certains cas réduire la gêne visuelle.
Mais cette option n’est pas accessible à tous les patients. En réalité, elle est principalement réservée aux patients pseudophaques, c’est-à-dire ceux qui ont déjà été opérés de la cataracte et ont reçu un implant intraoculaire en remplacement de leur cristallin naturel.
Pourquoi uniquement chez les pseudophaques ?
Chez les patients phakes (ayant encore leur cristallin naturel), le risque est nettement plus élevé, pour une raison simple : Le laser YAG, s’il est mal ciblé ou si le corps flottant est trop proche, peut endommager le cristallin, provoquant une cataracte traumatique. Chez les pseudophaques, ce risque est quasiment éliminé, car l’implant en acrylique est moins fragile, et les structures internes sont plus accessibles. Cela permet au chirurgien de travailler avec plus de sécurité.
- L’adaptation cérébrale via la neuroplasticité : apprendre à ignorer les corps flottants par des exercices visuels, de désensibilisation et de focalisation.
Ces approches non invasives n’effacent pas les corps flottants, mais permettent souvent d’en atténuer la perception sans prendre de risque chirurgical.
La vitrectomie est une technique puissante, précise et souvent salvatrice pour traiter des maladies graves de l’œil.
Mais dans le cas des corps flottants, elle reste une solution de dernier recours, réservée aux formes sévères, durables, et après avoir bien pesé le rapport bénéfice/risque.
Avant de sauter le pas, il est essentiel de consulter un ophtalmologiste expérimenté, et d’explorer les solutions non invasives qui peuvent, dans bien des cas, suffire à retrouver une vie visuelle confortable.








